Les chroniques de Lu-Han
dimanche 20 décembre 2020
lundi 12 octobre 2020
Interview
« Les femmes sont le fil conducteur de mes
œuvres. »
Constantin Tsuvaltsidis vient de publier son troisième livre Dakota
Cheveyo, Le Réveil aux éditions Librinova. Ce roman de science-fiction, sur
toile de fond postapocalyptique, met en scène le combat d’une Amérindienne
contre l’Ordre nouveau pour la liberté de vivre. Une histoire qui nous tient
encore une fois en haleine.
CT (sourire) : Lorsque j’ai écrit mes deux
premiers romans, j’avais une activité professionnelle en parallèle qui me
prenait beaucoup de temps. À la publication de mon deuxième roman en 2017, j’ai
pris la décision de me consacrer entièrement à l’écriture dès 2018.
DT : Êtes-vous satisfait du retour de vos deux premiers romans Les Chroniques de Lu-han ? Qu’attendez-vous du troisième ?
CT : Il paraît que
c’est en forgeant que l’on devient forgeron (sourire) ! Ce que je peux vous dire
c’est que je ne cesse de m’améliorer. Le
chemin est long, ardu, et la remise en question sur la qualité du travail,
permanente. Ce qui n’est pas toujours aisé. Cela dit, le jeu en vaut la chandelle. Les retours
concernant mes premiers ouvrages étaient inattendus, et très gratifiants. J’espère que le troisième
recevra également l’engouement des lecteurs.
DT : Est-ce que votre troisième livre est la suite des deux premiers ?
CT :
Absolument
pas. Il s’agit d’un livre de science-fiction dont l’histoire se déroule à la
fin du XXIe siècle. Alors que les premiers sont de l’heroic fantasy.
Deux genres différents.
L’heroic fantasy est une
création pur jus. Dans ce genre, l’auteur - du moins en ce qui me
concerne - donne libre cours à l’imaginaire pour poser son histoire.
DT : En l’occurrence, est-ce que l’exercice était plus complexe ?
CT : Oui… Non, c’est une autre façon
d’écrire. Contrairement aux Chroniques de Lu-han pour lesquelles il
« m’a suffi » de me pencher sur ce qui existait dans l’Antiquité et
au Moyen Âge - ce qui n’était pas toujours simple - le travail fourni pour Dakota
a exigé non seulement de requérir aux connaissances des technologies
actuelles, mais aussi, et surtout, de transformer ces technologies pour les
rendre viables dans le futur : me documenter sur des sujets comme les
nanoparticules, les soldats augmentés… Un vrai travail de fond !
DT : Pourquoi avoir choisi les États-Unis pour situer l’action ?
CT : Parce que les États-Unis
sont un grand territoire, à la pointe de la technologie et surtout, parce que
j’avais envie de me rapprocher de la mythologie amérindienne.
Je
suis intéressé par tout ce qui touche à la spiritualité. On sait que les croyances
ont une place à part entière dans l’histoire de l’homme et ce, indépendamment
du continent sur lequel il habite. J’ai voulu créer un monde dans lequel le modernisme
à tout-va se confronte au mythe d’un pays. C’est l’Amérique !
DT : C’est votre troisième livre et le titre est encore le nom d’une héroïne. Pourquoi ?
CT : Dakota est le premier
personnage de l’histoire. Le titre a été trouvé une fois le livre terminé. Et
de vous à moi, Dakota le vaut bien.
DT : D’ailleurs vous avez créé de nombreux personnages féminins.
CT : Les femmes
ont des aptitudes à affronter la vie qui me dépassent. Bien sûr,
je ne minimise pas la place des hommes… le plan n’est pas le même. Elles
sont fortes, elles sont pleines d’abnégation, et si ce n’est toujours, souvent
présentent à nos côtés. Les femmes méritent plus que de la gratitude. Elles
sont le fil conducteur de mes œuvres.
DT : Comment un homme peut-il écrire sur les femmes, en se mettant dans la peau d’une femme ?
CT : Je ne sais pas si je le fais
bien, mais j’essaie de faire au mieux. L’individu est complexe. Il suffit
d’observer. J’écoute et je regarde beaucoup.
DT : On retrouve à nouveau le concept de liberté dans Dakota. Est-ce un sujet qui vous tient à cœur ?
CT : Bien sûr ! S’il y a un
combat à mener au quotidien, c’est celui de la liberté. Je n’ai pas envie
de me retrouver dans la situation de celui qui regarde le train passer en
emportant nos espoirs d’une vie où l’on respire en souriant. J’aime me poser et
me dire que tout n’est pas perdu…
DT : Vous abordez aussi un nouveau concept : la nanotechnologie et la culture amérindienne ? Pourquoi ? Quel message souhaitez-vous passer ?
CT : Les nanoparticules sont utilisées
dans de nombreux domaines : médecine, électronique, cosmétique, textile, boissons,
nourritures, etc. Le plus inquiétant c’est quand la technologie est au
service des magnats créateurs de « faux besoins ». Et malheureusement,
nous n’en sommes qu’au début. Imaginer implanter une puce sous-cutanée de
surveillance pose question. À ce sujet, de nombreuses voix s’élèveraient.
C’est une question fondamentale, un vrai problème éthique. Mais la graine est
semée. Nous verrons dans quelques années dans quelle mesure les lignes ont
bougé. Mais quand je vois à quel point nous devenons dépendants des nouvelles
technologies, je ne suis pas très optimiste (sourire triste).
Propos recueillis par Dam-Thi Tsuvaltsidis